Comment tout a basculé

Comment tout a basculé
Après un premier épisode où Rose racontait l’histoire de son abandon, ce deuxième épisode retrace ses péripéties une fois laissée sur le bord de la route. Le vent tournera-t-il enfin pour notre chaise ?

Depuis le bord de la route, j’assiste au ballet incessant des voitures qui vont et viennent toute la journée. Conducteurs et passagers me jettent parfois des regards empreints d’un doux mélange de curiosité et de mépris avant de continuer leur chemin. Des oiseaux viennent se poser sur moi. A la tombée de la nuit, j’aperçois des hérissons traverser la route, j’entends le champ des grenouilles et les hululements d’une chouette. Au petit matin, je suis aux premières loges du passage d’une laie suivie de ses trois marcassins. Chaque ronronnement de moteur au loin fait résonner un espoir en moi ; quelqu’un va bien finir par s’arrêter, quelqu’un va bien finir par s’indigner.


Alors que j’étais sur le point de me résigner à accepter mon sort, une voiture s’arrête sur le bas côté. Je retiens mon souffle. Une dame s’approche, me balaye du regard, me secoue frénétiquement, et finit par me reposer à l’endroit où elle m’avait prise. Elle fait deux pas en arrière, penche la tête à droite et s’approche à nouveau. « Bah alors qu’est-ce qu’elle fait là cette chaise ? » s’interroge-t-elle à voix haute. C’est vrai que la question se pose. « Elle est encore en super état c’est pas possible de jeter des trucs pareils ». Alors ça on est bien d’accord ! « À vue de nez, un petit coup de peinture et elle fera bien des heureux ». Enfin quelqu’un qui me comprend. « Bon allez ma grande, je t’emmène avec moi à la ressourcerie ». La peur m’envahit. C’est quoi ça une ressourcerie ? Jamais entendu parler de ressourcerie de toute ma vie. Si c’est pour m’emmener dans un endroit encore pire que celui-là, ne vous donnez pas cette peine Madame…

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