Mon sort entre des mains inconnues, je ne fais pas la fière. Une part de moi estime être chanceuse d’avoir été trouvée, une autre est terrifiée. Le coffre s’ouvre face à la porte d’un grand hangar. À l’intérieur une multitude d’objets de toutes tailles, de tous âges, de tous styles, de toutes formes rassemblés au même endroit. La dame semble bien connaître le lieu, elle discute avec d’autres personnes et toutes me regardent avec intérêt. Ce regard, je ne l’avais pas revu depuis la fois où ma première famille m’a achetée.
On me range entre une armoire style Louis XV et une imposante bibliothèque en bois massif. Toute la journée, je scrute la porte du grand hangar s’ouvrir et se fermer à mesure que les gens apportent volontairement des objets ou que le camion de la ressourcerie décharge les meubles collectés à domicile. À chaque fois un objet, un style, un âge, un état différents.
L’atmosphère chaleureuse me fait vite oublier le froid du hangar. J’entends les rires des employés retentir entre deux sacs de vêtements à trier. Je vois leurs démarches joviales ponctuer chacun de leurs déplacements à l’intérieur de ce bâtiment si singulier. Je sens que cet endroit est la chance de ma vie.
Me voilà prête à passer ma première nuit en ressourcerie avec un peu d’appréhension et beaucoup d’excitation. Il semblerait bien qu’il va y avoir une suite à mon histoire, et qui sait, une seconde vie ?